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Fabrice MAUCCI - Démocratie Ecologie Solidarités
Fabrice MAUCCI - Démocratie Ecologie Solidarités
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9 mars 2007

Une petite censure si tranquille

Elle est inconnue (et pour cause), elle est indolore, indétectable. Mais elle n'est pas insignifiante pour autant puisque si elle existe c'est qu'elle a été voulue, et qu'elle avait donc du sens pour celui qui l'a décidée. De quoi s'agit-il? D'une censure. Pas une méchante censure, non ! Pas de celles qui mettent une chape de plomb sur la société ou sur la vérité. Pas de celles absolument incontournables qui caractérisent les dictatures, les totalitarismes ou les régimes "en consolidation" comme a pu l'être la République gaullienne des années 1958-69. Non, rassurez-vous, je veux vous parler d'une censure tranquille, d'une petite, d'une censurette plutôt gentille, ridicule même tant elle est mesquine. D'une censure "à l'Aixoise".

Il y a deux ans environ, peut-être un peu moins, la Mairie d'Aix-les-Bains a commencé à diffuser "en interne" une revue de presse locale photocopiée. La pratique en est courante dans les collectivités. Cela donne une information maximum et ciblée (seules les pages aixoises... et les pages Sports liées à Aix y figurent) à ceux qui en ont besoin pour leur mission tout en économisant les sommes rondelettes que représenteraient 4 ou 5 abonnements par individu ou par service. Les adjoints, le leader de l'opposition que je suis, et l'ensemble des cadres et des chefs de service de la Mairie en sont destinataires chaque semaine. Le dernier groupe représente peut-être 30, peut-être 60 personnes, et c'est sans doute de lui que l'info ainsi transmise "essaime" le plus puisqu'on peut imaginer que des textes circulent, se reproduisent de nouveau pour la famille ou les amis etc.

Si les destinataires "politiques" gardent le réflexe d'acheter certains de ces journaux pour disposer plus rapidement de l'info afin de réagir le cas échéant, c'est moins évident pour les "services" municipaux, qui cherchent ici surtout des données "sur le temps long", sur l'expression des besoins récurrents de la population, sur l'appréciation ou la mise en lumière régulière des chantiers dans lesquels ils s'investissent. Au sein du personnel communal, il est donc probable qu'une partie de ceux qui ont accès à cette revue de presse "s'en contentent" et ne vont pas chercher à retrouver les éditions originales et intégrales pour leur usage personnel. Gardons cela en tête.

Car j'en viens au fait. Cette revue de presse a bizarrement changé de "régime" fin août - début septembre 2006. Alors que depuis l'origine elle faisait place à toutes les pages aixoises du quotidien et des hebdos locaux, incluant ainsi "naturellement" la tribune hebdomadaire que nous octroyait l'Essor Savoyard, elle se mit brutalement à ignorer cette dernière dès la rentrée. Explication avancée? Les "expressions politiques" ne sont pas l'objet de la présente revue de presse. Mais qu'est-ce qu'une expression politique? Quand la Ville présente ses travaux, les met en perspective, n'est-ce pas l'expression de la politique menée par la majorité municipale? Apparemment, non... Par contre, vous êtres priés d'admettre que lorsque la minorité donne son avis sur lesdits travaux ou propose d'autres pistes, ça redevient une expression politique. Curieux, non?

Dernièrement, je me suis beaucoup adressé à la presse locale sur le Plan Local d'Urbanisme. Mais la revue de presse municipale, qui parle de la procédure, des enjeux, "zappe" les articles concernant mon point de vue.

Autre exemple. Il y a 3 ou 4 semaines, un jeune peintre d'un talent exceptionnel - cela saute aux yeux à la seule vue du carton d'invitation - est accueilli au Musée Faure. Pour une fois libre d'obligations familiales et professionnelles, je me rends à son vernissage. Cela fait peut-être 3 ans - depuis que je suis père de famille - que je n'ai pu assister à ce genre d'évènements, et là, compte tenu du style et de la qualité des oeuvres, je ne veux pas être absent. Au moment de l'allocution de l'artiste auquel j'ai posé plein de questions et dit mon admiration, il se trouve que je suis tout près de lui. Là où d'habitude se précipitent les élus qui ne sont venus que pour figurer sur les photos de presse. Les flashes crépitent car il y a 3 ou 4 journalistes. Sans l'avoir vraiment cherché, je sais que je suis probablement sur les images prises ce soir-là, alors que le maire, lui, est absent. Que montre la revue de presse? Un article sans image et un autre avec une photo prise à un tout autre moment du vernissage. Bon, "c'est dommage" me dis-je, même si je me dis que dans un monde idéal, un article sur un vernissage ne devrait montrer que l'oeuvre elle-même ou l'artiste près d'elle. Mais "dommage quand même" parce que je sais trop combien mon adversaire de maire profite de ce genre de situations pour "habiter" les médias locaux, pour y être omniprésent. Je suis le plus pur possible en politique, mais je ne suis pas naïf.

Je ne le suis plus du tout même depuis ce jour de 2001 - je crois - où fut inauguré le relais Assistantes Maternelles d'Aix-les-Bains. Discours inaugural, prise de parole des partenaires financiers... vient la photo de presse. L'endroit est assez petit et nous sommes nombreux. Tous les élus de la majorité, moi-même et le responsable de la CAF sommes alignés en deux mètres au moment où les journalistes prennent les photos. Je ne suis pas sur un bord de ce noble parterre mais presque au centre. Je ne peux donc pas être "coupé au montage" comme ça a pu l'être durant mes 6 premières années de mandat. Les photos sont faites, les individus se dispersent dans la salle et l'ambiance se détend car un pot est offert. J'entame la discussion avec une personne que je reconnais quand, dans mon dos, moins de deux minutes après la première pose, j'entend de nouveau les obturateurs. Je me retourne et j'assiste à une scène surréaliste. On a, sans aucune raison apparente, recomposé l'alignement des "officiels" contre le même mur, et tous les organes de presse refont la photo, sans moi. C'est celle-ci qui paraîtra... Bien sûr, j'aurai pu me moquer d'un tel épisode, car ce n'est pas ça la politique telle que je l'aime. Mais après 6 ans de fonctions électives, on ne peut pas ignorer que dans une ville de 26000 habitants, ceux que vous n'avez pas eu l'occasion de voir personnellement jugent de votre implication AUSSI par la fréquence à laquelle ils vous voient dans leur journal.

Alors forcément, toute petite censure irrite. Une dernière pour la route. Cette revue de presse, qui montre 4 ou 5 fois la bobine du maire par semaine au minimum et qui me "rate" les rares occasions où je peux me rendre aux manifestations officielles, parle aussi des évènements très officiels auxquels la presse est présente sans que la minorité du Conseil ait été invitée. Je suis ainsi surpris d'apprendre que le Préfet s'est rendu sur les quartiers à rénover au mois de février 2007, et je le découvre aussi bien en texte qu'en photo. C'est là une autre forme de censure, plus "en amont". 

Ne vous trompez pas, cette petite digression entre presse et politique n'est pas une pleurnicherie de ma part. Je reste convaincu que ces modestes tracas peuvent se contourner et s'annuler par le travail de terrain, et même si cela m'irrite je finis toujours par oublier très très vite mon agacement d'un instant. Non, à ce niveau, ce que je retiens, c'est que pour masquer délibérément, au yeux d'aussi peu de lecteurs, le peu d'espace médiatique que la minorité du Conseil occupe, il faut être sacrément peu sûr de soi.

F. MAUCCI

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Commentaires
P
Bonjour,<br /> J'ai beaucoup aimé votre commentaire qui donne une autre vision de la politique vue de l'intérieur à Aix, surtout avec Dord. Pourrez-vous nous dire si les déclarations de candidatures de Virginie Ferroux, et surtout celle de Gratien Ferrari y figurent ? Après tout Ferrari ne parle pour l'essentiel que d'Aix...<br /> Bon courage pour 2008!
Fabrice MAUCCI - Démocratie Ecologie Solidarités
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